ISLANDE PAYS POETIQUE

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« Les richesses se perdent
Les lignées s’éteignent
Et les hommes meurent de même façon.
Mais jamais ne périssent
Estime et renom,
La réputation de ceux qui l’ont bonne. »

Extrait du « Hávamal » (un recueil d’adages poétiques islandaises du IXème siècle)

iles wesman islandeIles Westman Islande

Histoire vraie du marin tombé à la mer

13 mars 1984, un petit bateau de pêche au large des îles Westman. Trois des cinq marins s’accrochent à la coque et sombrent avec le bateau trois-quarts d’heure plus tard. Température : -2°C à l’air extérieur et 6°C dans la mer. Le survivant, Gudlaugur Fridthorsson, habillé juste d’un jean et d’un sweater et pieds nus se met à nager en direction de la terre. (3,2 nautical miles, environ 6 kms, au sud-est des îles) Il passe tout près d’un autre bateau mais personne ne le voit. La mort est en vue, il reste calme et cherche où il pourrait aborder.
Après six heures en mer il arrive en vue de la terre, mais les falaises sont trop hautes pour être escaladées. Il se remet à nager et arrive à un autre endroit : il faut encore franchir des rochers, une petite falaise, marcher sur des étendues rugueuses de laves (datant de l’éruption de 1973), et suivre une piste pendant 2 kms et demi avant d’arriver à la ville. Il passe près d’un abreuvoir pour les moutons en été et casse la glace pour boire un peu d’eau. Il a dit qu’il n’avait jamais rien vu de plus beau dans sa vie que les lumières de la ville.
Normalement le corps immergé dans l’eau glacée et revêtu de vêtements mouillés perd sa chaleur interne. L’effort physique continu réduit les défenses du corps. La baisse de température interne conduit à la confusion mentale, affecte les battements du cœur et conduit à la mort. 80 minutes auraient suffi. Gudlaugur est resté dans des vêtements mouillés 8 à 9 heures, dans l’eau puis l’air glacé. Sa température prise à l’hôpital à son arrivée était descendue à 34°C( enfin, aussi bas que le thermomètre pouvait descendre), mais aucun signe de confusion mentale chez lui. Un homme en très bonne santé.
Comment a-t-il survécu ? Deux débuts de réponse :

1) il n’a pas « cédé », il est resté calme, n’a pas perdu d’énergie par le stress et s’est concentré sur ce qu’il pouvait faire le plus longtemps possible. C’est bien le caractère islandais.

2) les scientifiques ajoutent un fait surprenant. Les chercheurs à l’Université d’Islande et dans d’autres pays ont découvert que l’épaisse couche de graisse qui l’enveloppait ressemblait à la graisse de phoque. Plus solide que la graisse humaine habituelle, et deux à trois fois plus épaisse !
L’exploit est célébré chaque année au mois de mars par les étudiants du Collège de Navigation des îles Westman : ils nagent, par équipes, pendant six heures, tantôt dans la piscine d’eau chaude de la ville, tantôt dans la mer. Après quoi il font une course et Gudlaugur en personne remet la coupe au gagnant.

Béatrice Cantoni

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Lagon de jokulsarlon

 

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