« Je ne peux plus me passer de sa présence; l’odeur de sa peau, le son de sa voix, ses petites façons d’être la fille la plus forte et la plus fragile du monde. Sa manie de ne pas mettre de lunette pour voir le monde à travers l’écran de fumée de sa bue abîmée; sa façon à elle de se protéger. Voir sans voir vraiment et, surtout sans se faire remarquer.
Je découvre l’étrange mécanique de son cœur. Elle fonctionne avec un système de coquille auto-protectrice liée à l’abyssal manque de confiance qui l’habite. Une absence d’estime de soi se bagarrant avec une détermination hors du commun. Les étincelles que produit Miss Acacia en chantant sont les éclats de ses propres fêlures. Elle est capable de les projeter sur scène, mais dès que la musique s’arrête, elle perd l’équilibre. Je n’ai pas encore trouvé l’engrenage cassé en elle.
Le code d’entrée à son cœur change tous les soirs. Parfois, la coquille est dure comme un roc. J’ai beau tenter mille combinaisons en forme de caresses et de mots réconfortants, je reste à la porte. Pourtant j’aime tant la faire craquer, cette coquille ! Entendre ce petit bruit lorsqu’elle se désamorce, voir la fossette qui se creuse au coin de ses lèvres qui semblent dire « Souffle! » Le système de protection qui vole en doux éclats.
Mathias Malzieu
Extrait de « La mécanique du cœur »
j’aime beaucoup les deux premières lignes, qui me rappellent une amie très chère
Heureuse si ce texte te rappelle le souvenir d’une amie chère.
Mathias Malzieu a une superbe façon très imagée d’exprimer les choses
Merci pour le com loustic
Tit’can I
je le connaissais surtout comme leader du groupe dyonisos