FEMME MIGRANTE

Photo Dorothea Lange

 

Migrant mother

Etats-Unis 1936. La famille Thompson, composée de 7 enfants, de Florence Thompson (32 ans) et de son second mari, Jim Hill quitte la Imperial Valley sur la US Highway 1010 après avoir récolté des betteraves pour gagner un peu d’argent. Ils tentent de survivre pendant la Grande Dépression qui suit le krach de 1929. La famille espèrent trouver du travail aux alentours de Watsonville mais leur voiture tombe en panne. Ils  sont contraints de s’arrêter dans un camp de cueilleurs de petits pois à Nipomo Mesa afin que le mari puisse procéder aux réparations en ville.

C’est la Grande dépression. La photographe Dorothea Lange parcourt la campagne étasunienne pour le compte de la FSA (farm sécurity administration) un organisme du ministère de l’agriculture, chargé d’aider les fermiers les plus pauvres. Elle rencontre Florence Owens Thompson, 32 ans, qui a perdu son mari 4 ans plus tôt. Mère de six enfants, elle fait ce qu’elle peut pour tenter de les nourrir. La photographe s’approche et parle avec elle.

La mère est soucieuse et presque résignée, mais elle tient son rôle protecteur central pour ses enfants. Les deux enfants qui tournent la tête expriment gène et tristesse. Ils concentrent notre regard sur le visage de leur mère. Son regard à elle n’est pas pour nous, il est absorbé ailleurs. Cette image, très simple et directe, appelle toute la compassion qu’on peut avoir pour des victimes de la pauvreté.
Il est intéressant de se pencher sur les circonstances qui ont permis à cette photo de voir le jour. La FSA a été créée en 1935, dans le cadre du New Deal, par le président Roosevelt. Cette agence est chargée de réformes et d’aides à l’agriculture (subventions, planification, coopératives, etc). Pour promouvoir son travail et faire passer ses réformes, elle met en place ce qu’on appellerait aujourd’hui, une « cellule de communication ». Une douzaine de photographes (dont Walker Evans) sont recrutés en fonction de leur engagement social et politique. Ils sont chargés de documenter, aussi objectivement que possible, les conditions de vie des agriculteurs du pays. Les photos -propriété de l’État- ont été mises gratuitement à disposition de ceux qui les publiaient, ce qui en a garanti une rapide et large diffusion. Les grandes qualités humaines de ces images ont fait le reste : elles ont profondément marqué les Américains de l’entre-deux-guerres.
Deux romans de John Steinbeck resituent admirablement les conditions de vie de cette époque : Les raisins de la colère, Des souris et des hommes. Tous les deux ont inspiré des films.
Dorothea Lange est née en 1895 à Hoboken (New Jersey). À l’instar de Robert Capa, elle tend à n’être connue du grand public que par une seule photo. Pourtant, c’est bien par ses photographies des conditions de vie des plus pauvres, qu’elle a été remarquée, puis recrutée par la FSA, en 1935.

Signalons pour la petite histoire, que Dorothea Lange a ultérieurement retouché son négatif. En bas à droite, se tenant au bâton, il y a un pouce qu’elle jugeait disgracieux et trivial pour cette image. À l’origine très clair, elle l’a noyé dans des tons foncés. Cela avait déclenché de vives polémiques.

Extrait de motsdimages.ch

 

 

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