Les passantes
Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu’on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu’on connait à peine
Qu’un destin différent entraîne
Et qu’on ne retrouve jamais
A celle qu’on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s’évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu’on en demeure épanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu’on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu’on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main
A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulu rester inconnue
Et qui n’est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal
A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d’un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D’un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d’un jour déçues
Vous serez dans l’oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu’on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l’on a manqué sa vie
On songe avec un peu d’envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu’on n’osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu’on n’a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir
Georges brassens
Paroles Antoine Pol
Musique Jean Bertol
Brassens disait que ce poème lui rappelait la modestie car plus d’une femme l’abordait en disant que c’était leur chanson préférée croyant qu’elle était de lui.
Brassens avait déniché ce poème de 1913 aux puces de Vanves. Coup de foudre qui produira » Les Passantes. »
Il est tiré des « Emotions poétiques », écrit par Antoine Pol pendant la grande guerre.
Antoine Pol
Né à Douai le 23 août 1888 – mort à Seine Port le 21 juin 1971. Capitaine d’artillerie, il combat pendant la guerre de 14-18, il entre au service des Mines de La Houve à Strasbourg en 1919. En 1945, il devient président du Syndicat Central des importateurs de charbon de France. Retraité en 1959, il peut enfin s’adonner à ses passions : la poésie, la bibliophilie et les papillons.
Oeuvres principales : Emotions poétiques (1918) – Le livre de maman (1924) – Destins (1941) – Plaisirs d’amour (1947) – Croquis (1970) – Coktails (1971).
Georges Brassens demande à Antoine Pol l’autorisation de le mettre en musique et celui-ci accepte. Brassens voulant le connaître, ils prennent rendez-vous un mois plus tard, mais Antoine Pol décéde quelques jours avant qu’ils puissent se rencontrer.
Strophes supprimées
Brassens a supprimé deux strophes, que l’on retrouve dans la version de Maxime Leforestier, qui est aussi dans l’édition originale des « Emotions poétiques », recueil publié par Antoine Pol, en 1918, aux Editions du Monde Nouveau :
A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulut rester inconnue
Et qui n’est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal
2éme strophe omise :
A ces timides amoureuses
Qui restèrent silencieuses
Et portent encor votre deuil
A celles qui s’en sont allées
Loin de vous, tristes esseulées
Victimes d’un stupide orgueil
Pensez auparavant à stopper ma bande son deezer à droite de mon blog.
les hommes aussi , aiment cette chanson
par nostalgie peut etre , pour celles qu’on a laisser partir, ou qu on n’a pas osé aborder
pour celles qui sont déja prises , et qu on pensat que c’etait définitif.
ou tout simplement parceque, nous meme , étant deja pris et que le courage de tout bouleverser , nous manquait.
kaarim
un passant
L’existence est faite de tant de rencontres inabouties, elles laissent à l’imaginaire toute sa place, et est fabuleusement retranscrite dans ce poème si bien chanté par Brassens.
Merci Kaarim pour le propos masculin sur ce thème.
Tit’can I