Le Conte Jacky et la Duchesse Tit’can I sont heureux de vous convier à la poursuite de leur souper pas très faim…
Toujours empli de leurs vers…
Cette fois-ci c’est la Duchesse Tit’can I qui attaque le souper…
En laissant au Conte Jacky le plaisir de terminer le repas !!!
PLUMES ASSASSINES 2
(la suite)
Vous voilà à grand peine entouré de soubrettes !!
Leur auriez-vous offert votre bourse défaite ?
Qui vient à compenser le si maigre génie;
Que vous offrez aux gueuses au corsage dégarni.
Je ne fréquente pas la plèbe roturière;
Alors que vous hantez la gent populacière;
Vous poétez plus haut que votre bas séant;
Je suis sur l’empyrée et vous près du néant;
Mon séant savez-vous comme il m’en amuse;
En le maintenant loin de vos pognes intruses;
Car on sait des salons comme sont vos ébats;
Tristement éreintés, s’échinant, aux abois.
Vos rondeurs avachies nullement ne m’attirent;
Elles ont la largeur des plus vastes empires;
Il se dit qu’on vous vêt de draps reconvertis
Est-il seyant sur vous votre dessus-de-lit ?
Trop grand pour vos épaules hélas assurément!
Vous êtes si freluquet que c’en est blasphémant;
On dit vos guéridons emplis de fioles vides;
Elles servent bien mal vos faiblesses avides.
Pour gagner les faveurs des lignées nobiliaires
A tous les ci-devant montrez votre derrière;
Vous faites chaque jour la tournée des grands duc
Chez qui vous exhibez en plume votre truc.
Des ducs vous n’avez rien, pas même l’ordinaire,
Eux féconds, distingués, pourvus de savoir-faire;
Mon truc assurément est fort mieux en leurs couches
Fuyant les vils relents de vos meubles de bouche*.
Dans le but de soigner vos crises d’urticaire
Courez donc prestement chez votre apothicaire;
Vous le faites mander, paraît-il comme un serf
Lorsque vos deux boutons exaspèrent vos nerfs.
Je sais que vous piaffez de connaître vraie femme
Quand la vôtre s’effrite en vraie bigote infâme;
Apprenez-donc du peu de vos pauvres souillons
Presbyte s’appliquant parfois trouve boutons !
Vos recueils s’impriment à quarante exemplaires
Et encor par bonté de votre vieux libraire,
Qui troque vos bassesses pour ses vils péchés
Vous avez un placard qui affiche complet.
Mon placard est complet, vos alcôves sont vides
L’art de plaire n’est pas l’attribut des fétides;
A votre seule approche ont s’évente le nez
Écœurés des vapeurs de votre cabinet.
Le vôtre n’est pas mieux; savez vous que vos stances*
Se trouvent chez le roi près du trône d’aisances;
Non point pour être lues quand lente est l’expulsion
Mais pour l’œuvre accomplie soigner les finitions
Au moins elles sont douceurs au Roi sur son arrière,
Quand les vôtres pourrissent du purin des finières*;
Ne soyez pas jaloux; vos vers pour seul exploit
Finiront jaunissant sous la panse du Roi.
Je me rends à la cour où l’on donne spectacle
La cour du roi et non votre cour des miracles
Précédé d’un souper égayé de chansons
Peut-être pourriez-vous nous servir d’échanson* ?
Le Conte Jacky et la Duchesse Tit’can I
*Nobiliaire : registre contenant le relevé des familles nobles (noms, renseignements divers) d’un pays, par opposition à l’armorial qui est un recueil de blasons.
*Meubles de bouche ce terme exprimait les dents pour les précieuses ridicules
*Finière : endroit où le foin est mis à l’abri
*Stance : groupe de vers offrant un sens complet et suivi d’un repos.
*Echanson : personnage qui était chargé de servir à boire à la table d’un roi, d’un prince. (Les échansons de la maison du roi de France étaient soumis à l’autorité du grand échanson de France, qui hérita des fonctions du bouteiller de France sous Charles VII.)