LE VOILE
Elle avançait pieds nus dans le patio blanchi
D’un jasmin capiteux sucrant l’air du soir,
De ce pas délicieux qui le menait à lui,
Couverte de son voile aux beaux reflets de moire.
Le visage immobile il restait à distance,
Comme un félin gracieux captivé par sa proie,
Quand il l’a percevait dans cette sourde indécence,
Criant sa nudité sublimée par la soie.
Le désir en suspend, elle le savait transi,
Captif de ses rondeurs les prunelles aux abois,
Attendant impatient, le doux geste en sursis,
Où elle ferait glisser son voile sur le sofa.
Elle s’enduisait de l’huile aux macéras de roses
Dénouant sa crinière sur ses reins satinés,
Laissant paraître ainsi ses courbes en braseros,
Formant sur les murs blancs des ombres de péché.
A son approche trouble, les paupières mi-closes,
Il cueillait sur ses lèvres ses fruits de volupté
Qu’elle portait en offrande à la bouche tendre éclose
Menant à leur extrême les deux corps exaltés.
Alors lui parvenait cette aura lumineuse
Dans ces nuits enivrantes éblouies, envoûtées,
Où elle s’offrait à lui vibrante et amoureuse,
A ses mains d’homme aveugle à sa féminité.
Tit’can I