BELLE HISTOIRE DE GRAND CRU CLASSE (coup de coeur)

Un texte superbe que je remets en ligne grâce à la générosité de son auteur Bernadette Thumerelle que je remercie chaleureusement, et qui me fait l’honneur de le publier dans son intégralité cette fois.

Un texte d’un grand cru, qui ne vieillira pas…

Et pour ne pas le laisser moisir au fond d’une cave, dégustons-le à nouveau jusqu’à la lie, et sans modération…

BELLE HISTOIRE DE GRAND CRU CLASSE

Il m’est arrivé une histoire dont il faut que je vous donne, si je puis  dire, « le Primeur » !

Cela s’est passé au bal de la Nuit St Georges. J’ai rencontré Syrah qui ne levait  pas les yeux de cépages de lecture et sa cousine, la petite Juliénas, une fille vraiment Gigondas, un sacré beau Meursault, bien charpentée ; un grand cru classé, de la cuisse et une robe vermillon aux subtils arômes de cassis et de fraises des bois.

Nous avons dansé Anjou contre Anjou sur un Sylvaner à  la mode et lorsque je lui ai proposé de l’emmener chais moi, dans mon Châteauneuf-du-Pape, elle est devenue toute Croze-Hermitage. Le temps de poser un Chablis de laine sur ses épaules, de nouer un petit Corton dans ses cheveux mousseux, et sans oublier son petit Barsac à main, elle est montée dans ma Banyuls en robe Fleurie.

Nous avons roulé toute la nuit en pleine Champagne au milieu d’immenses Chambertin de blé.

Au matin, nous étions trop fatigués pour hanter les trop nombreux Châteaux qui jalonnaient  les routes empruntées au hasard ; Pétrus, Margaux, Mouton Rothschild, Latour, Lafitte Rothschild, Haut-Brion aux  Frontonnais ornés d’anges Vougeot mais nous avons pu admirer des Beaujolais Moulin à vent qui, comme nous, avaient des ailes.

Ah, quelle belle journée ! Je Fitou pour lui faire plaisir. Nous avons visité un Buzet puis nous sommes baladés Entre-deux-mers, nous avons Vacqueyras sur la plage, les pieds dans l’eau Clairette, nous nous sommes Pouilly-Fuissé dans les dunes et puis comme le Mercurey montait sérieusement et qu’elle  commençait à  avoir les Côte Rôtie, j’ai décidé de rentrer.

Mais voilà, nous nous sommes retrouvés coincés dans les bouchons.  Alors je commençais à  Minervois sérieusement ; et bientôt nous nous sommes  crêpé le Chinon, Juliénas et moi ;  nous voilà Brouilly !

C’est Cahors quelle a hurlé ; « je veux descendre ! » J’ai stoppé. Elle a claqué la Corbières de la Banyuls qui n’était pas une Cadillac et a disparu.

Elle s’est   Sauvignon avant même que j’aie le temps de la  Sauternes dans un doux  Lirac aux draps de satin ! Est-ce cela, prendre un Rasteau ? Je me retrouve comme Macon, un Pommard, un Condrieu !

Pas de quoi Riesling, au contraire, je Vouvray pleurer. Mais je dois réagir, il faut savoir laisser son Bourgueil au vestiaire car Juliénas est la femme de ma vie. Je vous Jurançon, j’en suis Tokay, je l’ai dans le Pauillac. Ah ! Limoux, toujours Limoux !

Et Saint-Pourçain que j’ai couru  dans Lalande, les Faugères et les Chardonnay, pour la retrouver mais Loupiac ! Pas de Juliènas !

J’étais triste et j’avais très soif ! Je rentrai dans un Cabernet de village et je bus Quatourze verres de  grands crus classés.

J’étais saoul Graves mais je retrouvai enfin ma Banyuls ! Je m’affalai sur la Blanquette et je compris que  même en Visan je ne pourrais reprendre la route.

Je dormis longtemps puis repris mes recherches. Je suivis le Bordeaux d’un canal puis me perdis dans un Arbois sombre et priai Saint-Joseph et Saint Esthèphe. Derrière un vieux Saumur de pierres j’entendis soudain le son  Pétillant de Savoie. Je la retrouvais  enfin !

Elle était là, devant moi, en Gros-plant : «  Ah, ma Touraine, ne fais pas ta Pomerol, et ne t’en va plus Gamay, je ne le supporterai pas »

Elle est tombée dans mes bras en Madiran comme je n’avais jamais été admiré. « Ne m’en veux pas, dit-elle, je voulais juste obtenir la preuve que  ton Saint-Amour était vraiment Sancerre ! ».  Depuis on ne sait plus cuités…et je de Vinsobres…

Mais permettez-nous, exceptionnellement,  de  lever un verre à  votre santé !

Bernadette Thumerelle  2007

Ce contenu a été publié dans Coups de coeur, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

4 réponses à BELLE HISTOIRE DE GRAND CRU CLASSE (coup de coeur)

  1. mustang dit :

    Une texte ennivrant,ayant de la cuisse,rond,avec un p’tit goût de « reviens z-y »…Quoique,j’hésiteje crois que j’vais en reprendre une lichette!!!

    Pour donner une explication au titre,valà une définition du Juliénas:

    C’est le plus « parisien » des 10 crus du Beaujolais.Sa robe est rubis violacé,aux arômes fruités ou floraux(fraise,senteurs des bois),au corps nerveux,qui s’arrondit avec le temps.
    Il est « élevé » sur 600 hectares.

  2. admin dit :

    On dirait que tu as l’air d’aimer un peu beaucoup le Beaujolais, en tout cas tu en fais là une belle description mon ami.

    Merci de ta visite.

    Tit’can I

  3. menus propos dit :

    : »> une amie est invitée à un mariage courant août en Saône et Loire. Elle m’a demandé de l’imprimer car elle veut l’apprendre par coeur pour ce fameux jour et le restituer au cours de la soirée. Bonne idée, non ? Merci beaucoup de l’avoir publié.

  4. admin dit :

    Oui c’est une excellente idée menus propos, je suis certaine que votre amie aura beaucoup de succès avec ce magnifique texte de Bernadette Thumerelle.

    Bien à vous

    Tit’can I

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *