L’Euphorie perpétuelle (beaux textes)

chevaux dans la brume

LE BONHEUR OBLIGATOIRE

Explosion de mai 68 : libération de tous les désirs.
Un an avant, le situationniste Vaneigem prônait “ la libre fédération des subjectivités qui, seule, permettra l’ivresse des possibles, le vertige de toutes les jouissances mises à la portée de tous.
À la pression de la famille et de la tradition succède celle de l’Etat et des experts. La postérité laïque de la douleur sera nietzschéenne. Autant de doctrines qui pour le mal est un moment de bien et qui discernent dans les tourments d’autres sujets que l’auteur approfondit brillamment au fil des pages.
Le fil conducteur du livre L’ Euphorie perpétuelle de Pascal Bruckner, philosophe, romancier, essayiste et même sociologue sera donc le devoir, l’obligation, le culte du bonheur dans notre société, le souci obsessionnel de l’argent, le poison de l’envie sociale, etc.
“ Le bonheur répond à une économie, à des calculs, à des pesées, il a besoin de variétés autant que de contrastes.  » La satisfaction lui est aussi fatale que l’empêchement. Tout ce qui résiste à la satisfaction des sens, à la propagation du progrès, prend alors le nom de souffrance. L’argent suscite l’envie: “ j’apprends qu’un ami passe des vacances plus excitantes que les miennes, connaît une vie amoureuse plus variée, des perspectives professionnelles plus riches. Conclusion : je ne suis qu’un pauvre type attelé à un destin médiocre.  »
Le livre fourmille d’analyses et d’observations de ce type, traitées au scalpel et sous le signe d’un grand talent.
Autres péchés mignons de nos contemporains : un mimétisme omniprésent et bêtifiant, la peur tragique de l’échec, d’avoir raté sa vie.
Mais que propose notre moraliste sardonique comme comportement de rechange ? Une nouvelle morale de la frugalité ?

Pourquoi ne pas tendre vers une existence moins asservie à la logique des objets, à la convoitise artificielle

Limiter ses dépenses si cela permet de satisfaire ses passions, augmenter la part de vraie vie amoureuse et spirituelle plutôt que de s’endetter sans fin?

Retrouver tout ce qui se fait rare: la communion avec la nature, le silence, la méditation, la lenteur retrouvée, le plaisir de vivre à contretemps, l’oisiveté studieuse.

Autrement dit, préférer sa liberté au confort.  Est-ce réellement à la portée de tout un chacun ?

Anonyme

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