LE DICTIONNAIRE DU DIABLE
* Absurdité : Affirmation manifestement incompatible avec sa propre opinion.
* Armure : Genre de vêtement porté par celui qui prend un forgeron pour tailleur.
* Cadavre : Produit fini dont nous sommes la matière première.
* Clarinette : Instrument de torture utilisé par une personne qui a du coton dans les oreilles. Il y a deux instruments qui sont pires qu’une clarinette – deux clarinettes.
* Cynique : Grossier personnage dont la vision déformée voit les choses comme elles sont, et non comme elles devraient être.
* Écritures : Livres sacrés de notre sainte religion, à ne pas confondre avec les récits profanes et mensongers sur lesquels sont fondés toutes les autres croyances.
* Erudition : Poussière tombée d’un livre dans un crâne vide.
* Huître : Mollusque gluant en forme de crachat que les hommes civilisés sont assez intrépides pour manger sans lui ôter les entrailles.
* Médire : Faire le portrait d’un homme comme il est, quand il n’est pas là.
* Ministre : Fonctionnaire doté d’un très grand pouvoir et d’une toute petite responsabilité.
* Patience : Forme mineure de désespoir, déguisée en vertu.
* Prix : Valeur d’un objet, plus une somme raisonnable pour l’usure subie par la conscience en le demandant.
* Raseur : Personne qui parle quand vous souhaitez qu’elle écoute.
* Sincère : Muet et illettré.
* Sorcière : 1/ Horrible et repoussante vieille femme, en perverse activité avec le diable. 2/ Belle et attirante jeune personne, dont les perverses activités dépassent le diable.
* Téléphone : Invention du diable qui annule quelques-uns des avantages à maintenir une personne désagréable à distance.
* Violon : Instrument qui titille les oreilles humaines par le frottement d’une queue d’un cheval sur les boyaux d’une chatte.
Ambroise Bierce
1881 à 1906