Cette nouvelle participait à un concours, avec début imposé et nombre des lignes à respecter.
Un grand merci à mon ami Roger pour son aide bien précieuse.
LE MANOIR DES LAGUNES
« La vieille bâtisse découpait l’horizon quand le crépuscule pointait… Laissée à l’abandon peut-être et, surtout, au fracas incessant des vagues qui grignotaient les contrebas de la falaise. D’aucuns disaient qu’à la tombée de la nuit, l’on entendait des cris ou bien toutes sortes de musiques inquiétantes… Mais tous étaient bien ignorants… Moi, je savais…
Oui, je savais ce que certains semblaient encore et toujours vouloir ignorer…
C’était il y a environ cinq ans, à cette période des Saints de glace, où les dernières gelées se font craindre. J’étais bien décidé à trouver enfin qui occupait le Manoir Des Lagunes. Car nul habitant dans la commune n’avait réussi à percer le mystère. On en causait parfois sous cape dans les rues, comme si un malheur devait résulter de ses interrogations…
Il faisait presque nuit lorsque j’arrivais en haut de la dune et que je vis cette silhouette au pas vif et assourdi qui venait vers moi. Je devinais qu’il s’agissait d’une femme, je m’arrêtais intrigué. Peut-être pourrait-elle me donner les renseignements que je cherchais, ou du moins répondre à une où deux questions.
La femme, qui semblait jeune, se rapprochait rapidement, elle était maintenant à deux pas de moi. Elle leva la tête vers mon visage, mais se couvrant tout à coup la bouche de la main elle se mit à hurler, les yeux affolés, et s’éloigna à toutes jambes.
Décidément, je n’étais pas au bout de mes surprises… Peut-être une employée du Manoir qui fut témoin de scènes peu racontables ou de visions inavouables, me disais-je, ce qui eut pour résultat de me mettre assez mal à l’aise. Fallait-il rebrousser chemin quand il en était encore temps, ou aller jusqu’au bout de ma curiosité. J’entendis alors une sorte de plainte qui venait du Manoir. Je me dirigeais vers la fenêtre du rez-de-chaussée d’où filtrait une pâle lumière. Je dus me hisser sur une énorme pierre trouvée dans le jardin pour enfin approcher mon visage de la vitre. La saleté m’empêchait de bien voir, je me servais du bas de ma manche pour frotter le carreau poisseux d’embruns. Je découvrais alors une salle vide, sans aucun meuble à l’exception d’un lit surélevé incongru au milieu de cette pièce. Un trouble m’envahit tout à coup lorsque je vis entrer une femme tenue fermement par deux hommes. Elle se débattait en hurlant, ils l’installèrent sur le lit et la ligotèrent. La femme criait des mots confus, les deux hommes s’apprêtaient à quitter la pièce lorsque la femme éructa d’une voix glaciale :
– La punition divine sera pour vous !!! .
Je ne sus ce qui arriva ensuite, deux bras me soulevèrent du sol et m’éloignèrent rapidement de la fenêtre. Déjà on me faisait entrer rapidement dans le Manoir. L’homme qui me tenait le bras ouvrit une porte à ma gauche et je me retrouvais face à une femme dont les jambes croisées superbes, attiraient immédiatement mon regard. On me fît assoir.
– Bonjour monsieur Simon. Vous avez bien failli oublier notre rendez-vous cette fois encore…
Mais à quoi faisait-elle allusion ? A qui croyait-elle s’adresser ?
– Je ne voudrais pas que cela devienne une habitude… Vous deviez me donner, je crois, des renseignements complémentaires suite à notre dernière entrevue.
– Vous devez faire erreur, répondis-je, je ne suis pas monsieur Simon.
– Bon, je vois qu’il va falloir tout recommencer à zéro. Mais aujourd’hui, je vais m’y prendre autrement vu les circonstances… Vous ne vous souvenez pas non plus que Blandine notre femme de ménage vous a croisé dans le parc ?
– J’ai rencontré une femme dehors cette nuit c’est exact.
– Vous devez donc vous rappeler que vous aviez les doigts ensanglantés et un couteau à la main.
Cette femme me prend pour quelqu’un d’autre, il faut vite que je lui fasse savoir qu’elle se trompe, pensai-je. Mais elle continuait sur un ton décidé qui ne se laissait pas conter.
– Vous ne vous rappelez pas non plus avoir poignardé l’un des gardiens cette nuit, et lui avoir tranché tous les doigts je suppose ?
Qu’est-ce que c’était que cette histoire, il fallait que je lui explique pourquoi j’étais venu jusqu’ici, et le but de ma visite. Mais on ne m’en laissa pas le temps, sur un signe du menton déjà deux hommes m’emmenaient. Je vis seulement qu’elle décrochait son téléphone :
– Le commissariat ? Bonjour capitaine, Mme Raynau du Manoir des Lagunes, oui le médecin de l’hôpital psychiatrique c’est ça ! Pourriez-vous venir immédiatement, un de nos anciens patients a récidivé cette nuit.
Tit’can I
Bien menée, bien écrite !
J’espère que tu as gagné ???
Bon dimanche !
NicoleA
Merci du commentaire.
De nombreux textes de qualité participaient à ce concours que je n’ai pas gagnée, mais où j’ai eût plaisir à participer.
A bientôt.
Amitié
Tit’can I
L’effet est maîtrisé et superbement rendu. Bravo, quand je lis et relis 2 fois pour comprendre toutes les subtilités d’un texte, c’est qu’il m’a vraiment happé. Une remarque cependant, l’introduction pourrait à mes yeux être améliorée. Elle n’invite pas, un peu rude, hâchée… Mais la suite est vraiment un régal.
Donc bravo et merci.
Amitié du caneton Kal
Kaleistique
Merci pour vos remarques que je trouve pertinentes.
L’introduction nous était imposée dans le concours, jusqu’au Moi je savais…
Ensuite il m’a fallu réduire mes longueurs, épurer ici où là pour arriver à limiter mes mots.
Ce fut un exercice intéressant à réaliser sur bien des points.
J’apprécie votre analyse intéressante.
Bien à vous.
Tit’can I