ALFRED…
J’ai toujours adorée les marchés, et aussi les dernières quincailleries où parfois on trouve encore des accessoires typique d’une région, comme mon grill châtaignes du Cantal.
Un artisan local à eût l’idée de faire un ustensile en métal qui ressemble à un chapeau de gendarme complètement clos avec juste une ouverture sur le côté pour glisser les châtaignes. On peut le mettre sur le gaz où dans la cheminée, il permet de mélanger à loisir en secouant l’engin (ça devient porno…) changer le côté de cuisson recto verso (de pire en pire…) et surtout il préserve la cuisine des éclats de châtaignes inévitables pendant la cuisson (là c’est de la maltraitance…). Bon je reprends mes esprits…
Le marché c’est aussi l’endroit où j’aime rire avec les vendeurs et rebondir sur les reflexions des clients, c’est un terrain d’expression souvent très coloré verbalement parlant… J’en reviens toujours chargée comme un mulet et je suis capable d’y dépenser sans compter, car tout me tente dès que c’est frais et du cru du cru…
J’ai une attirance particulière pour les papies et mamies (non pas en entrée, en dessert seulement…) qui n’ont pour certains, que trois quatre bricoles du potager à proposer, souvent moins rutilants que les autres car eux sont plutôt des jardiniers, pas des agriculteurs… Et pour les enfants, les marchés sont un apprentissage de découvertes et de délassement, ils peuvent se faire coucou d’une poussette à l’autre en grignotant une fraise.. Et même se tirer les cheveux…
Et puis surtout j’aime quand ça crie, quand ça interpelle le badaud qui se retourne vers la gouaille du vendeur.
Même si je dois passer peu de temps quelque part je veux toujours connaître le marché du coin.
En Bretagne entre un étalage d’artichauts et de choux fleurs, il y avait un personnage qui me faisait toujours sourire. Ce monsieur rubicon s’appelait Alfred, il vendait des fruits et légumes, il avait toujours cette phrase que j’aimais bien entendre :
» Ça gagne pas ça débarasse !!! Alfred est là les prix qui baissent !!! »
Il claironnait à tue tête de son étal au point de saouler ses voisins qui parfois le rabrouait en lui disant :
» Tu nous fatigues, arrête ton char bidasse. » » On va le mettre sous calmant l’Alfred »
Un jour pourtant un calme olympien pesa sur le marché, pas de bruit, aucune agitation, pas d’Alfred dans le secteur.
Je demande alors à son voisin comment cela ce fait-il qu’on ne voit plus Alfred depuis quelques temps.
On m’apprend alors que le pauvre homme s’était suicidé, acculé de dettes. J’ai ressentie alors un énorme vague à l’âme. L’impression d’avoir connu un clown triste qui faisait son numéro malgré ses soucis.
Le « ÇA GAGNE PAS ÇA DÉBARRASSE » de notre claironneur avait disparu.
Au bout du compte il est des fois où même sur un marché les silences sont plus pesant que le bruit…
Tit’can I
oh que voilà un texte riche… une idée forte est toujours la garantie de l’intérêt du lecteur. Reste que j’ai la sensation qu’il devrait être étoffé. L’émotion est trop rapide, donc fugaces.
Il nous faudrait peut être découvrir plus le marché (de Provence ?), et Alfred comme un Raimu maraicher. Un tableau en mots pour intégrer l’endroit, l’ambiance, les êtres. Ensuite nous faire sentir cette délicieuse impression qu’Alfred est aussi une voix, une présence habituelles pour nous… Pour que le silence devienne assourdissant. Un oxymore, même bateau, est toujours une excellente fin. Bravo pour votre texte.
J’ai écrit il y a quelques temps un texte qui parle aussi des absents très présents, des lieux vides tellement habités.
Merci pour cette lecture.
Amicalement
Kal
Kaleistique
J’apprécie votre commentaire subtil qui amène une autre vision sur cet écrit.
Merci d’y avoir apporté votre sens du détail qui ne peut que m’aider à améliorer mes futurs écrits.
Bien à vous mon fidèle lecteur !!
Tit’can I