FATALE

Extrait du livre Dangereuse de Joséphine Hart.

Un film « FATALE » (damage) a été tiré de son roman dont cette page est l’introduction.

Il existe un paysage intérieur, une géographie de l’âme, dont, toute la vie, nous cherchons l’image.
Ceux qui ont la chance de le trouver, telle l’eau qui coule sur la roche, glissent sur ses contours fluides, et y sont chez eux.
Certains le trouvent dans leur ville natale, d’autres se dessèchent dans leur village du bord de mer, et vont se rafraîchir dans le désert. Il y a ceux qui sont nés dans les paysages vallonnés et qui ne se sentent vivre que dans l’agitation frénétique et la solitude de la ville.
Pour d’autres, la quête est celle de l’empreinte d’un autre, enfant, mère, grand-père, frère, amant, mari ou ennemi.
Nous pouvons vivre heureux, malheureux, comblés ou frustrés, aimés ou non, sans jamais ressentir le choc glacial de la reconnaissance, la souffrance de l’âme qui se libère de ses fils barbelés quand, enfin, nous trouvons notre place.
J’ai vu des hommes pleurer davantage la mort d’un frère, dont la vie avait autrefois été liée à la leur, que celle de leur enfant.
Dans ma vie, j’ai voyagé loin, me faisant en chemin d’étranges et chers compagnons, une femme, un fils et une fille. J’ai vécu avec eux, tendre étranger dans un paysage d’une frustrante beauté. Cachottier émérite, en douceur et en silence, j’ai estompé les aspérités de mon être. J’ai dissimulé mon malaise et ma douleur tandis que je tendais vers l’image que je m’étais choisie; je m’efforçais d’être tel que me voulaient ceux que j’aimais, bon mari, bon père, et bon fils.
Si j’étais mort à cinquante ans, j’aurais été un médecin et un homme politique reconnu, même si je n’occupais pas le devant de la scène. Quelqu’un qui avait beaucoup donné au monde, et que sa femme aimante, Ingrid, et ses enfants, martyn et sally regretteraient.
Tout ceux qui seraient allés plus loin que moi dans la vie auraient assisté à mes funérailles, et ma mémoire aurait été honorée par leur présence. Et les larmes de ceux qui pensaient avoir connu l’homme intimement auraient témoigné de son existence.
Cela aurait été les funérailles d’un homme au-dessus de la moyenne, à qui le monde aurait accordé plus de grâce qu’à beaucoup d’autres.
Un homme qui, à l’âge relativement prématuré de cinquante ans, aurait terminé son voyage. Voyage qui l’aurait conduit vers d’autres honneurs, d’autres succès, se serait-il seulement poursuivi …
Mais je ne suis pas mort à cinquante ans. Et rares sont ceux qui, aujourd’hui, ne considèrent pas ce fait comme une tragédie.

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